CIC : la logistique autour d'un site unique, tout un art !
Le négoce d'appros, axé sur la vigne et les espaces verts, rayonne sur le quart sud-ouest de la France à partir de son site bordelais, classé Seveso.
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A quelques encablures de Bordeaux, à Beychac-et-Caillau, Eric Ribault, directeur général délégué de CIC, fait la visite du négoce, non sans une certaine fierté. Il faut dire qu'à la suite de récents travaux, le site classé Seveso seuil bas est à la pointe. C'est le siège du négoce et l'unique site. De là, partent des produits jusque dans la Haute-Vienne ou l'Ariège. Entre deux explications, Eric Ribault salue des stagiaires en formation Certiphyto, organisée par Xperta, organisme de formation dont CIC est actionnaire, et hébergé dans les locaux. Derrière le site, en empilements réguliers, on tombe nez à nez avec des piquets de palissage en bois et en métal. A l'intérieur, sont stockés des produits phytosanitaires et autres solutions de nutrition foliaires, avec deux cellules à foisonnement réservées aux produits toxiques et inflammables, équipées pour déverser des mètres cubes de mousse en cas d'incendie, même si en l'occurrence, les produits présentant ces classements sont peu présents dans l'entrepôt. Enfin, dans le dépôt flambant neuf, des engrais. La totalité du site s'étend sur trois hectares, clos et répondant à toutes les normes des installations classées Seveso seuil bas. CIC, qui a réalisé 12,2 M€ de chiffre d'affaires en 2017, est présent sur le marché des EVHPM, espaces verts, horticulture, pépinière et maraîchage, et en agricole, principalement en vigne. Une culture, où, comme en espaces verts, les produits phytosanitaires sont particulièrement montrés du doigt et les attentes en matières d'alternatives pressantes.
Ce site unique, qui demande une organisation au cordeau, est un choix assumé. « CIC a été créé comme cela, indique Eric Ribault. Mais on ne veut pas d'autre modèle, même si c'est exigeant, notamment pour les CAP, conseillers agronomiques préconisateurs, en matière d'anticipation. Dans une organisation multisite, chaque dépôt nécessite à minima deux personnes, plus du personnel pour les remplacements, des doublons au niveau du matériel, etc. Certes, en monosite, j'ai plus de frais de transport. Mais au final on pense que le solde est plus optimisé avec un site unique. »
Le négoce est né en 1979. Reynald Angue, ex-salarié de l'agrochimie, fonde alors CIC (Compagnie industrielle et commerciale), qui distribue des produits phytosanitaires dans le Bordelais. L'activité espaces verts débute quelques années plus tard, en 1983. Le siège est alors au bord de la Garonne. Il déménage en 2003, à Beychac-et-Caillau, où il est encore actuellement, avec dès le départ un classement Seveso seuil bas.« Reynald Angue a créé cet outil avant-gardiste, à l'époque, et unique en Gironde », précise Sébastien Rieublanc, responsable technique. « La localisation est un atout, analyse Eric Ribault. Ici, c'est un noeud pour desservir la région. » Depuis sa création, « le modèle du négoce a évolué sur du conseil et de l'expertise », ajoute le directeur.
Agridis actionnaire depuis 2006
En 2006, le fondateur passe la main. le réseau Agridis, aujourd'hui Actura, devient actionnaire majoritaire. Quelques salariés montent au capital pour 3 % des parts, et une société de participation acquiert les 30 % restant. Depuis mai 2015, Eric Ribault est le directeur général de l'entreprise. Entre-temps, deux autres directeurs se sont succédé. La présidence du conseil de surveillance (auquel participent les actionnaires) est assurée par Actura. Cet actionnariat est amené à évoluer cette année. Actura n'a pas fait mystère de sa volonté de ne pas garder des filiales de distribution, comme CIC. Le processus est en cours. Le négoce est un membre actif d'Actura, avec notamment des participations au réseau d'expérimentation Etamines et à la commission marketing vigne. Il est aussi membre de Proverdis pour son activité EVHPM. Reynald Angue a fait le choix dès le départ en 2003 d'un classement Seveso seuil bas. Un atout pour Hervé de Latour, chef de marché EVPHM : « On a bien conscience qu'on a une activité qui peut impacter l'environnement, quitte à agir, autant le faire avec ce niveau de garantie. » Hervé de Latour, comme les autres chefs de marché, continue de suivre des clients sur le terrain. « En agricole, les CAP suivent entre 60 et 100 clients », chiffre Eric Ribault qui manage les équipes commerciales. Beychac-et-Caillau étant l'unique site, les équipes sont bien organisées. « Nos clients veulent de moins en moins de stock, c'est de plus en plus du just-in-time. Il faut anticiper », constate le directeur. Tout se joue dans le prévisionnel et la remontée d'informations. Les CAP font des plans prévisionnels qui sont synthétisés par les chefs de marchés. En phytos, la quasi-totalité des produits sont commandés en décembre.Du côté des clients, toujours en phytos, deux tournées sont organisées par semaine en Gironde, la zone de chalandise en agricole. Hors Gironde, c'est un transporteur prestataire qui gère. « Les CAP livrent encore un peu, pour dépanner, précise Eric Ribault. Mais on pousse les clients au drive : un coup de téléphone et ils passent au dépôt charger leur commande. »
Compenser la baissedes produits phytos
En EVHPM, le négoce couvre dix-sept départements du sud-ouest de l'Hexagone, et vise désormais la région Midi-Pyrénées, où il a repris une partie du fonds de commerce de Neho, ex-filiale de Terrena. Un marché en pleine mutation. « Ce qui a longtemps porté l'activité espaces verts ce sont les produits phytosanitaires, relate Hervé de Latour.Aujourd'hui, cela se résume à pas grand-chose. Les équilibres financiers deviennent plus compliqués et les solutions à apporter plus techniques. Si l'on prend le cas du désherbage dans les communes, les contraintes techniques sont en hausses, avec l'arrêt du chimique, et les budgets à la baisse. »
Pour autant, « on n'a pas vu de baisse du chiffre d'affaires en espaces verts, indique le chef marché. On est passé sur d'autres produits. Par exemple, on a commencé à vendre du matériel de désherbage en 2015 : maintenant c'est dans mon top cinq. »En viticulture comme en EVHPM, les collaborateurs du CIC évoquent la pression sociétale sur les produits phytos. « Même la confusion sexuelle, c'est compliqué, raconte Sébastien Rieublanc. On a des gens qui s'arrêtent en voiture devant les parcelles, et il faut se justifier, ce n'est pas toujours facile. » « C'est dur d'avoir ce procès, abonde Hervé de Latour. On est jugés alors qu'on y travaille. »
Activité conseil et formation
Quant à l'activité conseil et formation, elle naît en 2011 avec Angel Guillen, qui gérait déjà un organisme de formation. Il crée alors Xperta avec le négoce, et en prend la tête. La société qui compte quatre salariés à temps plein, réalise des contrôles de pulvérisateurs et propose des formations type Certiphyto, Certibiocide, ainsi que du sur-mesure, dont du suivi en culture pour les viticulteurs.« A partir de septembre, on va mettre en place des formations de formateurs, annonce Eric Ribault. Héberger Xperta dans nos locaux nous permet d'avoir un pôle d'expertise. » Si Xperta facture du conseil technique, 90 % de l'activité de CIC se fait toujours avec le conseil intégré dans le prix du produit.« Les exploitants ne sont pas prêts à payer pour du conseil, juge Sébastien Rieublanc. Par contre, on fait des propositions de suivi à la carte, par exemple un outil d'aide à la décision pour suivre les tordeuses de la vigne. » « On réfléchit comme tout le monde à différencier le conseil et le produit », indique Eric Ribault, et la réglementation risque d'y mettre son grain de sel. Le directeur évoque aussi un projet imminent de certification d'entreprise, Iso 9001 version 2015. L'avenir s'annonce bien rempli.
Marion CoisnePhotos Laurent Wangermez
Un seul site pour 17 départements
Le négoce CIC livre sur tout le sud-ouest en EVHPM et quasi exclusivement en Gironde en agricole.
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